extraits

   TEXTES   

 clarification (video)  

 



« Dans son film vidéo, Pascale Weber, installe les corps en image par un dispositif qui exhibe un jeu de regards, à la fois dans sa violence et dans sa spontanéité. Comme pour dire le destin des images contemporaines, l’artiste réitère des postures par phénomène d’imitation en exposant dans un système de relais le corps regardé/regardant comme préliminaire au corps affecté/affectant. Elle donne à penser les enjeux du regard dans la construction de son identité physique. »



«  Où sommes-nous ? Nulle part. Dans un lieu imaginaire. […] C’est sa spécialité à Pascale. Brouiller notre notion de l’espace. Confondre notre illusion du chez nous. Elle a l’audace spirituelle, le sens de l’humour et de la gravité. Elle transforme notre demeure en néant. Lui ôte ses repères, lui enlève ses couleurs et ses objets familiers si chers. […] Elle nous rappelle, dans son obsession artistique, que nous ne venons de nulle part, et que nous y allons. Que nous ne sommes pas ceux que nous croyons, si nous nous identifions avec notre entourage. Que nous sommes seuls, même si nous le sommes tous ensemble. Et tous à la fois. […]»



« […] Marguerite Yourcenar notait déjà dans ses Carnets de notes aux Mémoires d’Hadrien que “le temps ne fait rien à l’affaire. Ce m’est toujours une surprise que mes contemporains, qui croient avoir conquis et transformé l’espace, ignorent qu’on peut rétrécir à son gré la distance des siècles.” Pascale Weber parvient à donner la preuve par l’expérience, de ce rétrécissement des distances et des siècles, grâce à ce médiateur qu’est la vidéo[…].

Absurdité de notre existence, tragique de celui qui s’interroge par désir de comprendre, ou jeu ironique et parfois comique de celui qui prend place sur cette même scène? C’est à ces mouvements de la pensée qu’éveille l’oeuvre de Pascale Weber, rejoignant ainsi la lignée des grands manieurs de l’image. […] »



« […] Le travail que Pascale Weber a effectué à Dieppe sur les marins et leurs familles, ou plutôt en collaboration étroite avec eux, est cohérent avec l’esprit de ses actions précédentes ; on y retrouve ce souci de l’existence quotidienne des gens modestes, cette attention amicale portée aux objets (souvenirs, sous-verre, porte-bonheur divers, etc.) qui accompagnent leur vie et la soutiennent à leur façon.

[…] Parce qu’elle ne trouvait pas la bonne distance pour filmer la vie à bord, parce qu’elle se percevait peut-être comme une intruse dans ce monde à part, fortement marqué par des valeurs masculines, elle a changé son fusil — ou son harpon — d’épaule, elle l’a même carrément délaissé au profit d’images réalisées à bord par les marins, images brutes, naïves, parfois triviales, avec coups de zoom intempestifs et travellings saccadés, images prises sur le vif et sans prétention esthétique particulière, ce qui leur donne d’ailleurs un fort impact émotionnel.

[…] cet abandon consenti de la caméra […] est une réaction inventive et généreuse face aux circonstances, et […] se révèle même porteur de perspectives qu’une optique, disons professionnelle, aurait occultées ou réduites[…] »



« […] Les scénographies mémorielles que Pascale Weber plante à l’entrée de son œuvre […] sont des reconstructions actuelles des lieux d’antan […] parce que ces topologies se regagnent par un conatus spinozien, et ce dernier est en train de mobiliser, on dirait « de nouveau », nos sens, notre orientation, nos compétences motrices, notre sagacité et notre émotivité. Donc, l’histoire n’est pas le passé mais la narration des choses mémorables… […] La mémoire vive change le récit en discours actualisé. […] La narration est ce jeu d’actualité qui engage et enrôle de nouveau.

[…] Cette œuvre est d’emblée conçue sur un système de voiles orientables, multiscreen. C’est dire que la position du spectateur y est active dans un sens comportemental : […] Il entendra des bribes, il verra des miettes, desquelles il reconstruira sa propre histoire, narrée avec ses propres forces […] »



« Quand un artiste travaille, il oublie tout […] et refonde tout. En fait il n’oublie rien et c’est là le paradoxe du fonctionnement de la création. Pascale Weber avec Immémorial nous en apporte une expérience, elle n’oublie pas, dans ce travail vidéo, qu’elle a commencé par la peinture et elle compose une image complexe, composite, parfois foisonnante jusqu’à la saturation.

Elle y parle de la mémoire et de l’oubli, mais aussi de l’intime, de la solitude et de la peur […]  par petites touches, par […] la rencontre parfois incongrue ou contradictoire d’images incrustées l’une dans l’autre, de textes, voix-off, graphismes, photographies, peintures, documents divers.

Ce foisonnement même est celui de tout ce qui nous advient dans le cours ordinaire d’une vie humaine - comment s’en souvenir ? […] En nous conduisant, quasi inconsciemment, par cette complexité même, à choisir les éléments que nous mémorisons pour tenter de « suivre un fil », l’auteur nous permet de partager une expérience poétique de l’oubli.

Weber n’est pas dans la narration cinématographique, elle assemble des « blocs de mouvement-durée », des « images affects » qu’elle retisse aussitôt dans d’autres dispositions […] une œuvre qui nous met face aux incertitudes de notre propre mémoire, et qui nous montre combien ces incertitudes contribuent à notre rapport au monde. »




« […] Et nous, nous sommes au centre d'un système de paroxysmes dès l'entrée dans ce dispositif complexe qui voyage dans la mémoire de l'auteur et celle des personnes interrogées. Ce dispositif qui change de forme selon les exigences de l'espace qui l'accueille, selon son évolution dans le temps et l'épaisseur des images-paroles-sons-lumières qui le composent. […]

La réalité de ces images parfois mouvantes, où les mots s'incrustent, où les voix se superposent, celles des témoins, parfois inaudibles, et celle de l'Auteur, avec son  rythme durassien, nous entraîne et rassure dans cette recherche de mémoire.

Cet appareillage […] sera donc pour moi une machine au sens grec,  c'est à dire l'outil qui permet le dénouement d'une situation, voire d'une tragédie. Cette dimension spatiale supplémentaire, le lieu du jeu d'acteurs multiples, renvoie à leurs mémoires. A leurs mémoire labiles qui veulent inventer, réinventer, retrouver, reconstituer à tout prix ce que la Mémoire du temps à effacé. […] »




«En quête de vérité, l’artiste aventurière, Pascale Weber, arrête sa course et pose son bagage pour explorer l’intime. […] Accueillie quelques jours, d’un foyer à un autre, depuis septembre, son voyage, pourtant, continue : À la découverte des particuliers, de  leur maison, leur vie…

Telle une peintre d’intérieur, Pascale note, photographie, filme le quotidien de ses hôtes, et renouvelle ainsi, en conquérante, la tradition des scènes de genre. Son regard précis, attentif, donne valeur et poésie aux documents glanés. […]»




« L’unique confession sincère est celle que nous faisons  indirectement - en parlant des autres. (E. M. Cioran, De l’inconvénient d’être né.)

Pascale Weber, […], ne repart jamais bredouille des diverses maisons où, pour un temps variable, elle a été hébergée, […] Si, dans les foyers occasionnels où elle est accueillie, Pascale Weber se présente ironiquement comme une sorte d’intruse, ses photos, elle les prend toujours sur la pointe des pieds, en perpétuel déséquilibre. Elle ne sait pas à l’avance où elle ira, elle ne sait pas non plus où elle dormira, pas davantage dans quelle demeure elle travaillera, les choses se font au coup par coup, à l’aventure, au gré des circonstances et des affinités. Pascale Weber, ou l’incertaine mise en oeuvre du commensalisme.»




« Pascale Weber arrive chez vous, dans votre famille. Elle pose une petite valise bleue, déjà encombrée des objets donnés par les autres familles. […]Pascale Weber s’installe chez vous avec discrétion, mais le calme et l’organisation de la famille sont modifiés, l’artiste fait difficilement parti d’un quotidien... Paradoxale situation, où l’artiste cherche à se fondre dans un quotidien qui n’est pas le sien, et où une famille cherche à observer et comprendre un champ d’action qui n’est pas son quotidien. Et puis, petit à petit, l’artiste trace son territoire, . […]

Cependant, Pascale Weber à la fin de l’année expose les travaux nés de cette résidence. . […]Les familles successives se retrouvent réunies autour d’un banquet, que l’artiste, en bonne hôtesse, a préparé avec soin. Cette partie de l’exposition est un espace privé et construit à l’intérieur de l’exposition.

Ne peuvent goûter au banquet que les familles d’accueil ! Luxe et privilège !

Des territoires sont remis en place dans l’espace - au départ neutre - de la salle d’exposition, et chacun recherche son espace, son territoire dans celui de l’artiste. La situation est renversée, l’artiste pique la curiosité du spectateur et l’incite à participer à la création : il fait désormais parti du champ artistique, et cherche pour lui-même son propre territoire et sa définition.»







Rachida Triki, Corps regardant/regardé 

(Introduction au catalogue « La part du corps »,

exposition au Palais Kheireddine, 14 mai-5 juin 2010)

www.triki.org/rachida






Jan Laurens Siesling, Le Syndic de Pascale Weber.

(SuperPositions, livre-dvd de la résidence d'artistes

de Pascale Weber à la Pommerie en oct 2005,

éd. Dans Mon Carré/ La Pommerie, Limoge, 2005, 42 p.)

(texte traduit en néerlandais)





Jérôme Rouland,

Visiter ou Habiter le Syndic de la guilde des

drapiers de Rembrandt.

Une proposition d’utopie artistique de Pascale Weber.

(SuperPositions, livre-dvd de la résidence d'artistes

de Pascale Weber à la Pommerie en oct 2005,

éd. Dans Mon Carré/ La Pommerie, Limoge, 2005, 42 p.)




Gilbert PONS,

Pascale Weber ou le regard hospitalier,

à propos d’une exposition en forme de chiasme, 2005.

(catalogue collectif Le temps d'une marée,

textes sur les interventions artistiques réalisées à Dieppe

dans le cadre d’une résidence ,

co-édité par Cybèle et AWP, Cosne-sur-Loire, 2005,

réédité dans Turbulences vidéo.)









Marcin Sobieszczanski,

Déambulations dans Immémorial de Pascale Weber

(Turbulences Vidéo #65, Octobre 2009)













Jean Delsaux,

Immémorial : les expériences de l’oubli.

(Turbulences Vidéo #65, Octobre 2009)















Antonella Tufano,

A propos d' Immémorial.

(Turbulences Vidéo #65, Octobre 2009)











Valentine Cruse,

Retour aux sources…

(Turbulences Vidéo #65, Décembre 2003)







Gilbert Pons,

L’inconformiste,

quelques notes sur la démarche de Pascale Weber.

(Turbulences Vidéo #65, Juin 2004)










Delphine Gigoux-Martin,

Pascale WEBER, géographe du quotidien

(L'Utopie domestique - Objet(s) de la rencontre,

catalogue de la résidence d'artiste de Pascale Weber

à Vidéoformes de sept 2003 à sept.2004,

éd. Un- Deux- Quatre, Clermont-Ferrand, 2004.76 p.)